La visio est entrée dans nos vies massivement depuis mars 2020 et le confinement dû à la Covid.
Pouvons-nous dire qu’elle amène du confort ? Que nos patients ne perdent pas en qualité de travail et d’écoute ? Est-elle efficace ?
Ces techniques foisonnent depuis longtemps aux États-Unis et au Canada où elles sont d’ailleurs reconnues et évaluées depuis une dizaine d’années comme des psychothérapies à part entière. En France, elles faisaient jusqu’aux confinements figure d’ovnis. Patients et psychothérapeutes tendaient à s’en méfier sans doute par défiance vis à vis de l’outil informatique et peut-être par une fidélité à la tradition psychanalytique et au cliché du confortable divan.
Les avantages :
– La consultation en visio évite de se déplacer jusqu’au cabinet ce qui peut être précieux lorsque l’on a une vie déjà bien pleine (travail, déplacements, enfants…). Finies les contraintes horaires et les cavalcades dans les transports pour être à l’heure aux séances.
– Elle permet de travailler avec des patients, des thérapeutes ou des formateurs qui sont spatialement loin de nous voire à l’autre bout du monde. Elle rend l’accès facile à tous ces partages.
Ainsi certains de mes patients me contactent, intéressés pour travailler avec certaines approches thérapeutiques encore un peu confidentielles (heureusement, de moins en moins) comme la Logosynthèse ou Matrix Reimprintig. Ils me trouvent par mon site ou le bouche à oreille et habitent loin. Qu’à cela ne tienne, la visio nous donne accès à un travail de qualité, équivalent à celui en cabinet. Le scepticisme peut être identique pour les consultations téléphoniques.
A quoi faut-il veiller pour un travail thérapeutique en visio ? :
Elle nécessite de pouvoir s’isoler, ce qui n’est pas toujours facile. Il faut pouvoir de sentir en sécurité de façon à pouvoir recréer une bulle intimiste, confortable où l’on va pouvoir s’inviter, s’évoquer. C’est bien le cadre que nous nous efforçons également de créer dans nos cabinets feutrés. Mais le cadre est-il si important ? Ou est-ce la contenance assurée par le thérapeute qui prime ? Ou encore la qualité du patient, sa ressource, à se créer un espace-temps sécure ?
En effet, quel est mon objectif de travail en tant que thérapeute si ce n’est que mon patient aille bien ou de mieux en mieux ? Cette amélioration passe par une meilleure connexion à soi, à ses besoins, ses désirs, ses émotions de façon à savoir assurer pour soi autonomie et la sécurité.
J’ai des souvenirs cocasses de consultation pendant les confinements. Nous avons tous été amenés à faire preuve d’imagination pour nous isoler, nous accorder un lieu où nous connecter à nous-mêmes. Ainsi le dressing ou la voiture ou la cabane de jardin pouvaient devenir des lieux de consultation.
Peut-on faire une thérapie entière sans jamais se rencontrer ?
L’expérience cumulée depuis les confinements est riche d’enseignement.
Lors des confinements j’ai continué à travailler avec des patients que je connaissais déjà. L’alliance thérapeutique était déjà là et seul le mode de consultation différait.
Il était intéressant pour chacun d’entre nous de veiller à trouver l’environnement sécure dans cette période où nous vivions les uns sur les autres. De la pièce dédiée (chambre, bureau), de la « cabane » au fond du jardin, du dressing parental ou des voitures garées dans l’allée, chacun trouvait. Et très intéressant était la mise en évidence de cette ressource de prendre soin de soi. Car évidemment le temps thérapeutique est un temps où l’on s’occupe de se reconnecter à soi !
J’ai également commencé à travailler avec de nouveaux patients. Nous ne nous sommes jamais vus physiquement. Pour ceux qui sont vraiment loin, à l’autre bout de la France ou du monde, la question ne se pose pas. Pour d’autres, les itinérants ou ceux qui habitent sur ma zone géographique, il peut être envisagé que nous nous rencontrions. D’ailleurs, la plupart des psychothérapeutes qui travaillent à distance invitent leurs patients à se rencontrer, ne serait-ce qu’une fois. Et pour certains, nous alternons entre des séances en visio et des séances en présentiel en fonction des circonstances. Quelle liberté ! D’autant plus que certains peuvent dire « si je déménage, je pourrai quand même garder mon psy ! »
Son efficacité :
Pour certains, opposer face-à-face (présentiel) et techniques à distance ne mène à rien d’intéressant. « Bien sûr que ces approches (cyberthérapie) sont limitées, mais selon moi, c’est justement pour leurs limites que des patients qui pourraient facilement consulter en cabinet les choisissent. » (Olivier Plataroti)
De mon point de vue et de celui de mes patients, oui, le travail en visio est un travail de qualité. Nous avons emprunté de très beaux chemins thérapeutiques sur des problématiques variées :
– avec les adultes : arrêt de consommation excessive de sucre, dénouement d’événements traumatiques passés, accompagnement à la perte de poids, gestion de relations familiales complexes, se retrouver sur le sens donné à sa vie, arrêt ou forte diminution de consommation de tabac, etc…
– avec des enfants : résolution de peurs, diminution de l’anxiété, rapport à la scolarité, éviter le décrochage ou accompagner la (re)mise au travail scolaire, etc…
– avec des couples : gestion de ses différences et notamment éducatives, la qualité du lien et de l’écoute…
En résumé, comment aborder au mieux votre consultation en visio ?
– 1 La visio (ou cyberthérapie) permet de se choisir le psychologue qui nous va bien même s’il est loin de nous !
– 2 Puisque lorsque l’on consulte, il s’agit de s’occuper de soi, il est important de se créer un espace-temps où l’on se sent en sécurité, où l’on est tranquille. Il s’agit donc de bien le choisir.
– 3 La cyberthérapie peut être une possibilité de travail et elle peut être mixée quand c’est possible avec des moments de rencontre en présentiel. Tout est possible et il est important d’écouter ses besoins.